La Rivière Massacre a été le théâtre de plusieurs tueries horribles
La Rivière Massacre a été le théâtre de plusieurs tueries horribles dans l’histoire tumultueuse de l’Ile.
Elle doit son nom à l’assassinat dans ses eaux de boucaniers français par des conquistadors espagnols au 17ème siècle. En 1937, le général dominicain Trujillo y fera assassiner des milliers d’Haïtiens. Au 21ème siècle, des tensions sont encore visibles sur ce lieu chargé d’histoire.
Au petit matin, sur les rives de la Rivière Massacre, des marchandes de fortune vendent de la nourriture préparée hâtivement dans la nuit. Des poulets vivants, sous embargo haïtien pour cause de grippe aviaire en République Dominicaine, transitent discrètement depuis la rive dominicaine.
Sur les berges de la rivière, en ce mâtin pluvieux, des enfants des rues proposent leurs services de cireur. Des moto taxis conduits par des ex-militaires démobilisés de l’armée haïtienne font le va et vient, de même que des changeurs de monnaie. Une foule attend l’ouverture du pont frontalier pour vendre et acheter des produits au marché dominicain de Dajabon juste de l’autre côté du pont.
Beaucoup sont venus plus tôt pour traverser la frontière par la rivière dans l’espoir d’installer les premiers leurs étals au marché de Dajabon. Lorsque la rivière est en crue, certains un peu plus fortunés monnaient son franchissement à dos d’homme. Parvenus sur l’autre rive, ces migrants d’un jour devront s’acquitter d’un bakchich.
Vivre de l’autre côté de la Rivière Massacre: la difficile situation des Haïtiens en République Dominicaine
Des casques bleus sécurisent le passage. Ils surveillent aussi les traffics, régulièrement rapportés, vers la République dominicaine de prostituées et d’enfants Haïtiens utilisés comme domestiques dans les maisons, les Restavecs en créole.
A quelques kilomètres, des migrants potentiels haïtiens clandestins ont choisi un endroit plus discret pour traverser la Rivière Massacre. Dangereuse, la traversée de la rivière. prend place sur des chambres à air. Ils sont quête d’un travail saisonnier en République dominicaine dans le secteur agricole, de la construction ou comme domestique.
Les relations entre Haïtiens et Dominicains sont régulièrement émaillées d’incidents
Ambigus, les rapports entre les deux communautés sont émaillés d’incidents, parfois violents. Les Haïtiens accusent les Dominicains de pêcher dans les eaux Haïtiennes à l’aide de bateaux de pêches puissants. Les Dominicains accusent les Haïtiens de voler leur bétail. Une simple rumeur de vol peut servir de prétexte à des expéditions punitives contre les Haïtiens.
Sur la terre des cousins dominicain cousin, la chasse au faciès n’a pas disparu. Les autorités dominicaines déportent chaque année, parfois sans ménagement, des dizaines de milliers d’Haïtiens. Certains rentrent en Haïti sans même avoir perçu leur salaire de leurs employeurs Dominicains.
Des deux côtés de la frontière, les organisations de la société civile s’emploient à dénoncer les violations de droits de l’homme et à promouvoir une coexistence pacifique
Les organisations de la société civile en Haïti comme Solidarités Frontalières défendent les droits des Haïtiens en République Dominicaine. De l’autre coté de la frontière, le Père Dominicain Régino est aussi engagé à aider les Haïtiens dont les droits ont été violés mais aussi à promouvoir une coexistence pacifique entre les deux communautés.
Une usine de textile Codevi, située sur les rivages à la frontière dominicaine, bénéficie du statut de zone franche. Elle produit notamment des jeans pour la marque Lewis. Ses dirigeants soutiennent qu’elle constitue la plus grande offre privée d’emplois et de revenus pour les Haïtiens dans la region.
La société civile, les institutions des deux pays, et la communauté internationale, notamment les Nations unies, tentent, non sans peine, d’organiser des rapports de meilleur voisinage.